Roman de Pierre Boulle (1912-1994), publié à Paris chez Julliard en 1963.
Synopsis
Jinn et Phyllis, deux voyageurs spatiaux, recueillent un message enfermé dans une bouteille: «Je confie ce manuscrit à l’espace, non dans le dessein d’obtenir du secours, mais pour aider, peut-être, à conjurer l’épouvantable fléau qui menace la race humaine.»
L’auteur de ce texte, Ulysse Mérou, a quitté la Terre en 2500, en compagnie de deux savants. Leur voyage a duré environ deux ans et demi de temps spatial «pendant lesquels trois siècles et demi durent passer sur la Terre». Ils découvrent une planète qui ressemble tant à celle qu’ils ont quittée qu’ils la baptisent «Soror». Lors de leur première sortie, ils rencontrent une jeune fille extraordinairement belle, qu’ils nomment Nova. Comme les autres habitants de Soror, elle vit nue, et ne connaît ni le sourire ni la parole. Ulysse est capturé par des singes au cours d’une battue. Il est conduit dans un hôpital où, vêtus de blanc, des singes doués de parole étudient le comportement d’hommes enfermés dans des cages. Une jeune chimpanzé, Zira, reste stupéfaite devant cet homme intelligent. Ulysse entre en communication avec Zira qui le traite comme son semblable. Il lui explique qu’il vient d’une planète où, à l’inverse de ce qui se passe sur Soror, les hommes ont fondé une civilisation, alors que les singes sont restés sauvages. Cornélius, le fiancé de Zira, découvre qu’il a existé sur Soror une société humaine dont les singes se sont rendus maîtres, tandis que les hommes, affaiblis par une vie de facilité, devenaient leurs esclaves. Cette révélation met en danger Ulysse qui s’enfuit dans l’espace en compagnie de Nova dont il a eu un fils. À leur arrivée sur Terre, une cruelle déception les attend: le conducteur du premier véhicule qui se dirige vers eux est un gorille.
Parvenus au terme de leur lecture, Jinn et Phyllis restent perplexes devant ce qui leur semble une mystification littéraire. Jinn retourne aux commandes de son engin. Phyllis avive d’un «nuage rose son admirable mufle de chimpanzé femelle».
Critique
Rythmé par de brefs chapitres qui mettent chaque fois le héros en présence d’une nouvelle surprise, ce roman vaut autant par sa force comique que par l’angoissant changement de repères qu’il propose. Le lecteur goûte en effet le plaisir de la transposition à l’évocation de cette «sœur» de la Terre où les réalités familières prennent soudain une allure insolite: les amoureux marchent «à petits pas, se tenant par la taille, la longueur de leurs bras faisant de cet enlacement un réseau serré et compliqué», les tableaux sont des «portraits de singes célèbres», «des guenons lascives» autour desquelles «volette un petit singe ailé représentant l’Amour». Cette inversion de l’expérience humaine met en même temps à nu les ridicules ou les limites de la pensée anthropocentriste. Les phrases de Zira qui célèbre fièrement l’espèce dont elle fait partie soulignent la naïveté de tout dogmatisme: «Le singe est, bien sûr, la seule créature raisonnable, la seule possédant une âme en même temps qu’un corps. Les plus matérialistes de nos savants reconnaissent l’essence surnaturelle de l’âme simienne.» La dénonciation est plus violente quand l’auteur évoque le moment où une humanité veule, en proie à la paresse intellectuelle, se soumet aux singes. Les hommes préfèrent somnoler ou jouer aux cartes plutôt qu’organiser la résistance. Fondée sur le confort matériel et la paresse intellectuelle, cette société pourrait ressembler à la nôtre: le roman tourne alors à la fable philosophique ou à la mise en garde.
L’ouvrage de Pierre Boulle a inspiré à Franklin Shaffner un film remarquable (1967) qui conféra au livre une notoriété mondiale.
Synopsis
Jinn et Phyllis, deux voyageurs spatiaux, recueillent un message enfermé dans une bouteille: «Je confie ce manuscrit à l’espace, non dans le dessein d’obtenir du secours, mais pour aider, peut-être, à conjurer l’épouvantable fléau qui menace la race humaine.»
L’auteur de ce texte, Ulysse Mérou, a quitté la Terre en 2500, en compagnie de deux savants. Leur voyage a duré environ deux ans et demi de temps spatial «pendant lesquels trois siècles et demi durent passer sur la Terre». Ils découvrent une planète qui ressemble tant à celle qu’ils ont quittée qu’ils la baptisent «Soror». Lors de leur première sortie, ils rencontrent une jeune fille extraordinairement belle, qu’ils nomment Nova. Comme les autres habitants de Soror, elle vit nue, et ne connaît ni le sourire ni la parole. Ulysse est capturé par des singes au cours d’une battue. Il est conduit dans un hôpital où, vêtus de blanc, des singes doués de parole étudient le comportement d’hommes enfermés dans des cages. Une jeune chimpanzé, Zira, reste stupéfaite devant cet homme intelligent. Ulysse entre en communication avec Zira qui le traite comme son semblable. Il lui explique qu’il vient d’une planète où, à l’inverse de ce qui se passe sur Soror, les hommes ont fondé une civilisation, alors que les singes sont restés sauvages. Cornélius, le fiancé de Zira, découvre qu’il a existé sur Soror une société humaine dont les singes se sont rendus maîtres, tandis que les hommes, affaiblis par une vie de facilité, devenaient leurs esclaves. Cette révélation met en danger Ulysse qui s’enfuit dans l’espace en compagnie de Nova dont il a eu un fils. À leur arrivée sur Terre, une cruelle déception les attend: le conducteur du premier véhicule qui se dirige vers eux est un gorille.
Parvenus au terme de leur lecture, Jinn et Phyllis restent perplexes devant ce qui leur semble une mystification littéraire. Jinn retourne aux commandes de son engin. Phyllis avive d’un «nuage rose son admirable mufle de chimpanzé femelle».
Critique
Rythmé par de brefs chapitres qui mettent chaque fois le héros en présence d’une nouvelle surprise, ce roman vaut autant par sa force comique que par l’angoissant changement de repères qu’il propose. Le lecteur goûte en effet le plaisir de la transposition à l’évocation de cette «sœur» de la Terre où les réalités familières prennent soudain une allure insolite: les amoureux marchent «à petits pas, se tenant par la taille, la longueur de leurs bras faisant de cet enlacement un réseau serré et compliqué», les tableaux sont des «portraits de singes célèbres», «des guenons lascives» autour desquelles «volette un petit singe ailé représentant l’Amour». Cette inversion de l’expérience humaine met en même temps à nu les ridicules ou les limites de la pensée anthropocentriste. Les phrases de Zira qui célèbre fièrement l’espèce dont elle fait partie soulignent la naïveté de tout dogmatisme: «Le singe est, bien sûr, la seule créature raisonnable, la seule possédant une âme en même temps qu’un corps. Les plus matérialistes de nos savants reconnaissent l’essence surnaturelle de l’âme simienne.» La dénonciation est plus violente quand l’auteur évoque le moment où une humanité veule, en proie à la paresse intellectuelle, se soumet aux singes. Les hommes préfèrent somnoler ou jouer aux cartes plutôt qu’organiser la résistance. Fondée sur le confort matériel et la paresse intellectuelle, cette société pourrait ressembler à la nôtre: le roman tourne alors à la fable philosophique ou à la mise en garde.
L’ouvrage de Pierre Boulle a inspiré à Franklin Shaffner un film remarquable (1967) qui conféra au livre une notoriété mondiale.
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