vendredi 5 octobre 2007

le parnasse



Dans la seconde moitié du XIXe siècle, succédant à la période romantique, à ce qu’ils jugeaient être les excès de son lyrisme, de son engagement politique et de sa négligence formelle (traits incarnés au plus haut point, selon eux, par Alphonse de Lamartine), certains auteurs cherchèrent de nouveaux principes d’écriture.

Avant eux, Théophile Gautier, fervent romantique mais écrivain exigeant, désireux de retrouver une certaine rigueur de style, avait déjà défini de nouveaux principes littéraires dans sa préface de Mademoiselle de Maupin. Ce texte théorique, illustré par ses poèmes, notamment le recueil Émaux et Camées (1852) influença profondément un certain nombre d’auteurs français, qui, après lui, défendirent l’idée de l’« art pour l’art », c’est-à-dire d’un art n’ayant d’autre finalité, d’autre justification que lui-même en tant que réalisation esthétique.


Ces poètes « parnassiens » étaient baptisés ainsi du nom de la revue de Catulle Mendès le Parnasse contemporain, « recueil de vers nouveaux » qui exista entre 1866 et 1876, et où des auteurs aussi divers que Théophile Gautier, José Maria de Heredia, Théodore de Banville, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, François Coppée ou Paul Verlaine publièrent leurs poèmes.

Réunis autour du poète Leconte de Lisle, les Parnassiens refusaient une poésie de l’expression, de l’effusion des sentiments et privilégiaient en revanche l’innovation formelle (le travail sur la versification, le mètre, la strophe), allant de pair avec la recherche de la perfection formelle (recherche d’une perfection technique) ; sur le plan thématique, ils préconisaient le recours à l’érudition, au savant, à l’étrange, à l’archaïque, l’antique ou l’exotique. Malgré l’affirmation de ces principes communs, le Parnasse ne fut pas à proprement parler une école, et chaque poète garda une identité fortement marquée.

Si ses réalisations péchèrent parfois par leur obscurité ou par la gratuité de leur virtuosité, le mouvement du Parnasse représente une étape importante dans l’histoire de la littérature du XIXe siècle ; il vaut en effet par sa descendance immédiate, les poètes insolents du groupe « zutiste » animé par Charles Cros, d’une part, et d’autre part quelques-uns des grands poètes modernes français, en particulier Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, eux-mêmes initiateurs du symbolisme.
Théophile Gautier :

L’image que l’on retient aujourd’hui de Gautier est celle d’un partisan presque fanatique de Victor Hugo et d’un romantique échevelé. Or, s’il est vrai que ses poèmes des années 1830 sont marqués par une thématique sombre, voire par un humour macabre (qui caractérise, par exemple, le dialogue entre « la Trépassée et le Ver », dans la Comédie de la mort), Gautier se distingue nettement des autres romantiques par son souci formaliste, qui annonce celui de Baudelaire et des Parnassiens.

Dans l’ensemble de l’œuvre de Gautier, en effet, le sujet importe moins que les mots et le plaisir de raconter : davantage encore qu’un partisan de l’art pour l’art, il fut un esthète, privilégiant d’une manière provocatrice l’esthétique au détriment des autres fonctions de l’œuvre, en particulier de ses fonctions morales. Cet esthétisme est le principal point commun entre ses poèmes, Émaux et Camées (1852) et ses grands romans, comme le Roman de la momie (1858) ou le Capitaine Fracasse (1863), paru en feuilleton de 1861 à 1863. Émaux et Camées, qui se situe à la croisée du romantisme et de la poésie parnassienne, illustre idéalement les principes esthétiques de Gautier et son exigence de perfection. Chaque poème, composé en octosyllabes, est la représentation textuelle, parfaitement ciselée, d’un objet choisi pour sa beauté, qu’il soit réel ou mythologique, vivant ou minéral, naturel ou produit par l’Homme.

Paul Marie Verlaine dit Paul Verlaine
est un
poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896.
La famille de Verlaine appartient à la petite bourgeoisie : son père, comme celui de
Rimbaud, est capitaine dans l'armée. Il fait ses études à Paris, puis, est employé à l'Hôtel de Ville. Il fréquente les cafés et salons littéraires parisiens puis, en 1866, collabore au premier Parnasse contemporain (voir Parnasse) et publie les Poèmes saturniens. On y sent l'influence de Charles Baudelaire, cependant que s'y annonce déjà l'« effort vers l'Expression, vers la Sensation rendue » (Lettre à Mallarmé du 22 novembre 1866) qui caractérise sa meilleure poésie. En 1869, les Fêtes galantes, des fantaisies évoquant le dix-huitième siècle de Watteau, confirment cette orientation. En 1870, il épouse Mathilde Mauté, pour qui il vient de publier La Bonne Chanson.
L'année suivante,
Arthur Rimbaud surgit dans sa vie, et va bouleverser le confort bourgeois dans lequel il s'était installé. Verlaine quitte son épouse pour suivre le jeune poète ardennais en Angleterre et en Belgique. C'est pendant ces voyages qu'il écrira les Romances sans paroles. En 1873, il blesse Rimbaud d'un coup de revolver et est condamné à deux ans de prison, qu'il purge à Bruxelles et à Mons. C'est là, quand il apprend que son épouse a demandé et obtenu une séparation de corps, qu'il se convertit au catholicisme. Il en sortira le livre de Sagesse. À sa sortie, il se rend à nouveau en Angleterre, puis à Rethel et exerce une charge de professeur.
En
1884, il publie un essai sur trois « poètes maudits » (Stéphane Mallarmé, Tristan Corbière, Arthur Rimbaud) qui contribue à le faire connaître. Avec Mallarmé, il est traité comme un maître et un précurseur par les poètes du symbolisme et par les décadents. À partir de 1887, alors que sa célébrité s'accroît, il plonge dans la misère la plus noire. Les productions littéraires de ses dernières années sont purement alimentaires. À cette époque, il partage son temps entre le café et l'hôpital. En 1894, il est couronné « Prince des Poètes » et doté d'une pension. Usé prématurément, il meurt en 1896, à Paris (à l'age de 52 ans). Le lendemain de son enterrement, plusieurs quotidiens relatent un événement curieux : dans la nuit qui a suivi les obsèques, la statue de la Poésie, au faîte de l'Opéra, a perdu un bras qui s'est écrasé, avec la lyre qu'il soutenait, à l'endroit où le corbillard de Verlaine venait de passer...
Verlaine demande à la poésie d'être un chant discret et doux, traduisant des impressions indécises. Son Art poétique, composé dès
1874 mais publié en 1882, annonce l'esprit du mouvement symboliste tout en caractérisant l'originalité de son œuvre .
Mallarmé
(Étienne, dit Stéphane) est un poète français, né à
Paris le 18 mars 1842, mort à Valvins (commune de Vulaines-sur-Seine, Seine-et-Marne, France) le 9 septembre 1898.
Auteur d'une œuvre poétique ambitieuse et rendue, souvent volontairement obscure, Stéphane Mallarmé a été l'initiateur d'un renouveau de la poésie dont l'influence se mesure encore de nos jours auprès de poètes contemporains comme
Yves Bonnefoy. À la fin du XIXe siècle, Mallarmé fait entrer la poésie dans l'ère de la modernité. En lisant Hegel, Mallarmé a découvert que si « le Ciel est mort », le néant est un point de départ qui conduit au Beau et à l'Idéal. À cette philosophie devait correspondre une poétique nouvelle qui dise le pouvoir sacré du Verbe. Par le rythme, la syntaxe et le vocabulaire rare, Mallarmé crée une langue qui ressuscite « l'absente de tous bouquets ». Le poème devient un monde refermé sur lui-même dont le sens naît de la résonance. Le vers se fait couleur, musique, richesse de la sensation, « concours de tous les arts suscitant le miracle ». C'est avec Mallarmé que la « suggestion » devient le fondement de la poétique antiréaliste et fait du symbolisme un impressionnisme littéraire.
« La Poésie est l'expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l'existence : elle doue ainsi d'authenticité notre séjour et constitue la seule tâche spirituelle. »
« (...)qui parle autrement que tout le monde risque de ne pas plaire à tous; mieux, de passer pour obscur aux yeux de beaucoup. (...) l'attrait de cette poésie tient à ce qu'elle est vécue comme un privilège spirituel: elle semble élever au plus haut degré de qualité, moyennant l'exclusion de la foule profane, cette pure joie de l'esprit que toute poésie promet. » (Selon Mallarmé,
Paul Bénichou, Gallimard, 1995
Le Parnasse
est un mouvement
poétique apparu en France dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Le nom est donné en 1866 quand l'éditeur Alphonse Lemerre publie une anthologie poétique intitulée Le Parnasse contemporain.
Ce mouvement est une réaction devant les excès sentimentaux du
romantisme finissant. Il prône la retenue et l'impersonnalité et rejette absolument l'engagement social et politique de l'artiste. Pour les Parnassiens l'art n'a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté. C'est la théorie de l'art pour l'art de Théophile Gautier.Ce mouvement réhabilite aussi le travail acharné et minutieux de l'artiste (par opposition à l'inspiration immédiate du romantisme) et il utilise souvent la métaphore de la sculpture pour indiquer la résistance de la matière poétique.

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